La farce et l'irrespect

Pour les gouvernants espagnols et, au premier chef, le président Mariano Rajoy, le référendum du 1er octobre a été une «farsa» (farce). L'expression n'est pas neuve, lui même l'avait déjà employée lors de la consultation du 9 novembre 2014 qui avait également réuni plus de deux millions de votants. 
Une farce est, à l'origine une «pièce de théâtre d'inspiration bouffonne mettant en scène des personnages souvent grotesques et présentant généralement un comique de mots, de gestes ou de situation(s)» (Trésor de la Langue Française). La légèreté, le cynisme et l'irrespect en commandent l'emploi figuré.
Je me limiterai à parler de l'irrespect. Un irrespect double. Face à la liberté de parole et à la minutieuse élaboration d'une autre conception du rapport entre un État et ses ressortissants qui ne sont plus des sujets. Face à ces millions de personnes qui s'expriment ou manifestent depuis 2012 dans la plus grande des dignités. Appliquons, mutatis mutandis, cette situation à notre pays. Que ferait un gouvernement français si de 10 à 20 millions de ses concitoyens descendaient dans les rues ?
Il suffit de regarder attentivement les photos des multitudes rassemblées. Non pas de la foule, mais des individus qui la tissent. On y verra des hommes, des femmes, des jeunes, des anciens, des valides et des invalides... un échantillon de la population de cette vieille nation qui veut être un État.
Dans un article du journal Ara d'aujourd'hui, 22 octobre, l'un des manifestants avoue que «les mensonges lui font davantage de mal que les coups reçus».
De farce, il n'y en a que dans le magazine télévisé satirique Polònia. Mais cette fois là, c'est le gouvernement espagnol et ses ses sectateurs qui en font les frais.