La panique et la cohésion

Vicent Partal est un journaliste apprécié aux éditoriaux incisifs, émaillés de tournures valenciennes qui enrichissent le catalan que l'observateur étranger se plaît à acquérir.
Son éditorial d'aujourd'hui dans le quotidien digital qu'il dirige, Vilaweb, porte un titre qu'il n'est nul besoin de traduire, «El pànic».

Il y écrit : 

«L'Espagne a réagi avec panique. C'est une erreur monumentale. Mais, attention, ces dernières heures une partie de l'indépendantisme panique aussi. Et il faut que nous en soyons conscients. 

Pendant des mois, j'ai écrit que l'article 155 était inapplicable et pendant des semaines nous avons tous expliqué qu'ils n'oseraient pas l'appliquer, et d'ailleurs le Parti Populaire a officiellement annoncé que ce ne serait pas le cas [...] L'article 155 était en fait inapplicable et c'est pour cette raison qu'ils ne l'appliquent pas. Ce que Mariano Rajoy nous propose n'est pas l'application de l'article 155, comme le sait tout juriste amateur. [...]  Rajoy est une personne étrange, mais il a l'État en tête et sait que ce qui se passe actuellement est capable de tout dynamiter. C'est extrêmement dangereux pour lui et pour l'Espagne et c'est pour cette raison qu'il ne voulait pas en arriver là. Mais il l'a fait. 

Forcé. Forcé principalement par le roi. C'est le roi qui a déclenché la situation où nous nous trouvons. Troublé, voire enragé, à cause de ce qu'il a vu à Barcelone lors du rassemblement contre l'attaque djihadiste. Ne nous leurrons pas: son discours télévisé est l'origine et la justification du changement de rythme et de volonté du Premier ministre espagnol [...] Peut-être que si nous regardons ce changement soudain de position du gouvernement espagnol en ce qui concerne l'article 155 comme une manifestation de panique désespéré, nous comprendrions mieux où est notre force. Appliquer l'article 155 à deux millions et demi de Catalans insurgés, est une tâche non seulement titanesque, mais impossible [...]

Il y a des membres du gouvernement et du parlement qui pensent qu'on ne pourra surmonter les conséquences de l'application de l'article 155. Ils le pensent et l'extériorisent dans les cercles les plus fermés et les plus décisifs. Ils m'ont dit ça. Sûrement dans une réaction de panique, en miroir de celle que ressent Rajoy [...] Je pense, j'en suis sûr, qu'il y a des gens qui supportent maintenant des pressions inhumaines. Mais il me semble clair que toute capitulation n'est pas une option pour une partie déjà très substantielle du pays, dont je suis.»