Le 27 octobre, l'Espagne aura un problème

Sur geopolitica.cat, Soledat Balaguer, a publié hier un article stimulant de géopolitique prévisionnelle (à court terme), que m'a confié, en vue de sa traduction en français, mon ami le poète et professeur Jordi Julià :

«'Les Etats n'ont pas d'alliés mais des intérêts' L'expression, attribuée au négociateur anglais des traités d'Utrecht, sert encore, trois siècles plus tard, de fondement des relations internationales. Ergo, l'Espagne a un problème.

Elle l'a, tout d'abord, parce que la veille, le 26, il y aura une réunion de la Banque Centrale Européenne. Selon tous les fins connaisseurs des finances européennes, ce jour-là, la BCE fera deux choses:

Elle augmentera les taux d'intérêt. Une affaire très juteuse pour ceux qui ont de l'argent de côté et un gros problème pour ceux qui ont des dettes, comme l'Espagne. En fonction de la situation, la décision peut coûter entre 2 et 12 milliards d'euros par an.

En conséquence, on peut supposer que la prime de risque de ces quatre pays augmentera notablement, et que les agences de notation en tireront des prévisions apocalyptiques.

On en viendra donc au 27, jour où, de façon prévisible (ou, du moins, comme nous l'espérons tout!), au moment où le Conseil des ministres approuvera l'article 155, le Parlement de Catalogne votera l'indépendance et la loi transitoire sera appliquée. Cela sera publié dans le DOGC le même jour 27 tandis que le décret espagnol sera publié dans le BOE le 28.
Et l'Espagne aura un problème, car il s'avère que la dette espagnole est justement espagnole, ou plus précisément du Royaume d'Espagne, et nous ne serons plus là.

L'Espagne aura un problème parce que, quels que soient les gouvernements européens, ils continueront à dire, de façon de plus en plus molle, qu'ils ne reconnaîtront jamais la Catalogne, tous les gouvernements européens et tous les vautours qui ont acheté la dette espagnole [...]
Et c'est là que nous entrons en scène, nous les gens. Les rues seront toujours à nous. Et nos élus aussi. Nous devrons nous organiser pour la défense de nos élus afin que les acteurs financiers mondiaux (qui sont ceux qui gouvernent) soient obligés de dire aux politiciens (qui leur  obéissent) qu'ils ont mis l'Espagne devant ses responsabilités. Les politiciens ont la tâche facile: l'excuse est que le gouvernement a appliqué une politique clairement anticonstitutionnelle et que lorsqu'une minorité ne peut pas agir constitutionnellement parce que la majorité l'empêche, il ne lui reste que le «dernier recours» (concept accepté en droit international) pour se défendre.»