Quand les mots dénoncent les maux
Quand j'ai commencé à enseigner l'espagnol en université je souriais devant un faux sens commun : confronté au terme espagnol «fiscal», les étudiants cherchaient dans le vocabulaire des finances publiques un terme avoisinant.
Le petit panier d'osier -ou de jonc- «fiscus», destiné à recevoir de l'argent a désigné en français la fonction perceptrice, cependant que, par une curieuse évolution, il a glissé vers le parquet en espagnol. Le français, pour cette dernière fonction, préfère le terme «procureur», celui qui agit en justice au nom de quelqu'un.
Deux conceptions du droit et de la fonction publique. Certes, en droit occidental, le ministère public este en justice au nom de l'État mais, en Espagne, le procureur est plus étroitement lié au parti politique dirigeant.
Rien d'étonnant à ce que le «Fiscal General del Estado» José Manuel Maza entreprenne la mise en accusation pour rébellion du président Puigdemont et de ses conseillers en rapprochant le référendum du 1er octobre de la tentative de coup d'État du lieutenant-colonel Antonio Tejero, le 23 février 1981. Cela manque d'autant moins de sel que le même procureur général avait dans le passé déchargé le juge Baltasar Garzón de l'enquête qu'il menait sur les crimes du franquisme. Décidément il y a quelque chose de pourri dans le royaume d'Espagne.