Reconnaissance(s)

La République catalane n'est toujours pas reconnue par les grandes nations du monde, l'Union Européenne et les États qui la composent, les États-Unis... C'est un indéniable handicap car sans reconnaissance il n'y a ni acceptation, ni commerce, ni échanges culturels. 
Le «xoc de trens» (choc de trains lancés l'un contre l'autre sur une voie unique) s'est passé le vendredi 27 octobre à 15h27, ouvrant la porte à une riposte immédiate de l'État espagnol dans le cadre de l'article 155 de sa constitution. 
Le gouvernement de Mariano Rajoy a délégué sa vice-présidente et annoncé des élections autonomiques pour le 21 décembre. Nous ne sommes plus dans le choc mais dans la dissociation des voies. Deux voies parallèles avancent qui vont diverger au fil des heures, voire des jours. Le major Trapero, chef de la police autonome, a été démis de ses fonctions et remplacé. 
Le gouvernement catalan, pour l'instant, fait le dos rond et profite de ce week-end républicain et indépendant. Ses réactions, dès lundi, seront capitales. On peut supposer que le Président Puigdemont présidera, que les conseillers démis par Madrid rejoindront leurs bureaux comme ministres de la nouvelle République et que le Major Trapero sera désigné directeur général de la police nationale catalane.
La reconnaissance de la République catalane est venue de nations souhaitant elles-mêmes se constituer en État : la Corse, la Kabylie.
Ce dernier cas est emblématique. Dans l'œuvre du romancier catalan d'expression castillane Juan Marsé, la Barcelone des adolescents de l'après-guerre civile, a ses mauvais garçons auto-appelés «kabileños» (Kabyles). Dans la hiérarchie sociale de ces années de plomb, ces immigrés marocains (réels ou fantasmés, surtout fantasmés) sont tout justes au dessous des «charnegos», immigrés d'autres régions d’Espagne, en particulier le Levant et l'Andalousie. 
Les années ont passé, les «charnegos» sont l'une des forces de la Catalogne. L'un d'entre eux, José Montilla, Andalou de naissance est même devenu président de la Généralité de Catalogne. Cela serait-il possible au plus haut niveau de l'État espagnol ? Il est permis d'en douter. Et il est vrai que «de casta le viene al galgo» (il est d'une bonne lignée) est une expression espagnole, pas catalane.