«Sun Tzu et le jour où l'État a perdu la Catalogne»

Mon ami le poète Ponç Pons m'a conseillé la lecture d'un blog des plus intéressants, tenu avec finesse, culture et distance ironique, par Joan Fabra :  PANTA REI.

Écrivant en préambule :

«Comme je l'avais prévu à la fin de mon précédent article, le 10 octobre, l'État avance imperturbablement vers l'abîme de sa propre désintégration.

Quelle ironie de constater que la deuxième restauration des Bourbons d'Espagne est sur le point de se terminer comme la première : par une crise territoriale suivie d'une crise sociale, économique et finalement politique.

Hier c'était Alphonse XIII et aujourd'hui Philippe VI ; hier, c'étaient Cuba et les Philippines et aujourd'hui c'est la Catalogne. Les ambitions, le cynisme et surtout l'ineptie sont les ingrédients de l'éternelle tragédie espagnole»,

il s'essaie à décortiquer l'attitude suicidaire du gouvernement espagnol à la lumière de L'art de la guerre de Sun Tzu.

L'article est long et minutieux, mais passionnant et bien tourné.

En voici quelques passages :

«Si dans la tentative ratée de confisquer quatre boîtes en plastique, le gouvernement a dû blesser plus d'un millier de personnes et scandaliser la moitié du monde, comment pense-t-il vendre les sottises qu'ils devront commettre pour contrôler l'autonomie catalane dans son ensemble quand tout un peuple se dressera pour la défendre. Le coût est prohibitif pour l'État.

Dans l'art de la guerre, Sun Tzu met fortement en garde le Prince : ne poursuis pas tes ennemis quand ils feignent de se retirer. Pourquoi ? Parce que s'il leur reste encore des forces, ils les emploieront à te préparer une embuscade.»

«La stratégie de l'indépendance, bien qu'elle s'avère gagnante, est imprudente parce qu'elle se fonde exclusivement sur l'arrogance et l'inaptitude de son ennemi. L'absence d'un projet spécifique au-delà de la constitution d'un nouvel État est l'une des principales faiblesses du Processus et, si l'Etat avait été audacieux, il aurait pu devenir l'une de ses principales sources de tension et de division.»

S'en suit un tableau précis des étapes de la victoire catalane traitée comme dans un jeu de stratégie avant de conclure, narquois :

«Une armée victorieuse gagne toujours en premier puis engage le combat ; Une armée vaincue se bat d'abord et essaie après d'obtenir la victoire. Sun Tzu, s'il était vivant, outre qu'il se moquerait de nous, finirait sans nul doute par conclure que le jour où le Gouvernement a décidé d'appliquer l'article 155, ce jour là, l'État a perdu la Catalogne.»