Un coup d'État... constitutionnel dans une démocratie imparfaite
Un ami, sur, Messenger me transmet un article de BFMTV intitulé «Madrid veut destituer le gouvernement catalan et convoquer des élections». Je lui réponds qu'il s'agit là d'un coup d'État. «Constitutionnel», me rétorque-t-il aussitôt. Réflexe d'un Français, citoyen avisé habitant dans une démocratie ancienne qui a connu cinq républiques.
L'Espagne n'est pas ainsi. Y être constitutionnaliste n'offre pas le confort des consœurs et des confrères français. La constitution espagnole, approuvée par référendum le 6 décembre 1978, est œuvre de consensus sans que jamais il n'y eût de rupture ni de remise en cause du régime antérieur. Par son coup d'État, le général Franco a rétabli la monarchie en la vidant de sens. En lieu et place de l'héritier dynastique, Don Juan de Borbón, il a imposé son fils Juan Carlos, désigné en 1969 et minutieusement préparé. À aucun moment, le peuple n'a été appelé à donner son sentiment sur cette restauration. Ni sous le franquisme, ce qui va de soi, ni lors de la transition ni même sous la démocratie consolidée. Juan Carlos n'a pas été couronné, il a été désigné, son premier président du gouvernement a été celui du dernier franquisme. Ce n'est que sept mois et demi plus tard qu'il a choisi comme nouveau chef du gouvernement un jeune loup... de la phalange, Adolfo Suárez. On dit que la démocratie a été atteinte en trois quatre phases : l'adoption de la constitution, l'échec de la tentative de coup d'État le 23 février 1981, la victoire des socialistes aux élections générales, le 28 octobre 1982, et l'entrée dans la Communauté européenne le 1er janvier 1986. On dit tant de choses...
Le 26 décembre de cette même année 1986, je réalisais une étude sur Los mares del sur du romancier barcelonais Manuel Vázquez Montalbán. J'avais pris quelques photos de la façade de la prison de Trinitat Vella, au moment d'entrer dans mon véhicule immatriculé en France, des gardes civils m'ont ceinturé et poussé à l'intérieur de la prison pour que j'y sois interrogé. J'ai présenté ma carte tricolore de Maître de conférences à l'Université de Reims et ai demandé à être mis en relation immédiate avec le consul général de France. On me l'a refusé. Derrière le chef de poste, il y avait un portait du général Franco. Onze ans, un mois et six jours après la mort du dictateur. Je tiens à la disposition des lecteurs bien des témoignages sur les imperfections d'une démocratie dont, je l'espère, la Catalogne saura se dissocier.
Le 26 décembre de cette même année 1986, je réalisais une étude sur Los mares del sur du romancier barcelonais Manuel Vázquez Montalbán. J'avais pris quelques photos de la façade de la prison de Trinitat Vella, au moment d'entrer dans mon véhicule immatriculé en France, des gardes civils m'ont ceinturé et poussé à l'intérieur de la prison pour que j'y sois interrogé. J'ai présenté ma carte tricolore de Maître de conférences à l'Université de Reims et ai demandé à être mis en relation immédiate avec le consul général de France. On me l'a refusé. Derrière le chef de poste, il y avait un portait du général Franco. Onze ans, un mois et six jours après la mort du dictateur. Je tiens à la disposition des lecteurs bien des témoignages sur les imperfections d'une démocratie dont, je l'espère, la Catalogne saura se dissocier.