D'un évêque, parmi d'autres religieux

Il est courant d'associer l'Église au pouvoir central et à la droite, parlementaire ou extrême. Certes, l'histoire, à gros traits, confirme cela. La Guerre civile fut une «cruzada» (croisade) pour les nationalistes autour du général Franco et le nouvel État fut défini, ab origine, de «nacional católico». La hiérarchie l'appuya et le justifia et le Caudillo ne se déplaçait jamais sans une petite mallette contenant un bras momifié de Sainte Thérèse. C'est oublier un peu vite le rôle éminent des prêtres au côté de leurs fidèles et, plus largement de la population, même non pratiquante ni même croyante, dans la dernière partie du franquisme, notamment en Catalogne, où rappelons-le l'Abbaye de Montserrat a fédéré une certaine lutte anti-franquiste, en publiant la revue culturelle Serra d'Or qui fut un véritable poumon d'oxygène dans les années de plomb. Le débat est vif dans l'Église aujourd'hui et même si certains dignitaires et prêtres préfèrent demeurer dans le silence, d'autres expriment clairement leur réprobation.

Catalunya Religió reprend ainsi les paroles de l'évêque de Solsona, Xavier Novell, sans équivoque sur la situation actuelle (vidéo) :

«"Il est injuste qu'une partie de notre gouvernement légitime soit emprisonnée, je ne dis pas que ce n'est pas légal, mais c'est injuste." a dit l'évêque dans une brève intervention à la fin d'une messe au Sanctuaire du Miracle qu'il a présidée ce dimanche.

L'évêque a fait valoir que ce que les conseillers emprisonnés ont fait est «légitime» et qu'ils «ont toujours essayé de trouver des moyens de mener à terme leur programme électoral à travers des canaux de dialogue et de légalité». Et il croit qu '"il est injuste" que ce qui les a conduit en prison soit "la conséquence de l'accomplissement du motif de leur élection".

Selon Novell, le limogeage du gouvernement de la Generalitat et l'emprisonnement «seront aussi légaux qu'on veut» mais dit que «les chrétiens ne sont pas guidés ni ont des critères basés sur des lois positives, mais sur ce qui est juste, vrai et digne. Et ce n'est pas juste."

Xavier Novell a fait remarquer qu'il peut être en faveur ou contre l'indépendance et que "nous pouvons tous avoir les idées que nous voulons sur cette question". Mais il croit qu'"il n'est pas juste que la voie de la force empêche ce peuple de décider de son avenir parce qu'il en a le droit, car nous sommes une nation et que nous avons le droit de décider par nous-mêmes de notre avenir" [...]

Xavier Novell est le seul évêque à s'être prononcé en faveur du référendum du 1er octobre et, qui plus est, il est allé voter. L'intervention du dimanche a été publiée sur le site officiel du diocèse de Solsona pour recueillir les mots sur l'évêque sur "la situation politique dans le pays et, plus précisément, les récentes arrestations des dirigeants du gouvernement."

Ce vendredi, l'évêché de Gérone a également appelé à des prières "pour les personnes éloignées de leurs maisons en raison de leurs convictions." De façon plus modérée, un semblable malaise a été exprimé par l'archevêque de Tarragone, Jaume Pujol, et l'abbé de Montserrat. Ce dimanche, l'archevêque de Barcelone, le cardinal Joan Josep Omella, a présidé la messe anniversaire de la consécration de la Sainte Famille sans aucune référence au sujet. Novell, avec cette déclaration, est le seul évêque [...] à avoir clairement exprimé son soutien à l'autodétermination.»