«Entre dues espases». L'Espagne sous le regard de Suso de Toro et Joan Pons.
«Entre dues espases» (entre deux épées) est le titre d'un poème de Gumersind Gomila, Minorquin installé à Perpignan et tiraillé entre deux terres, deux temps, deux airs et deux modalités d'une pareille langue.
Paronyme de l'épée, tant en catalan («espasa») qu'en espagnol («espada»), l'Espagne («Espanya»,«España»), est au cœur d'articles incisifs de deux journalistes engagés et exigeants, l'un de l'ouest de la péninsule, le Galicien Suso de Toro, et l'autre de l'est, le Minorquin Joan Pons.
Joan Pons intitule sa rubrique dominicale du quotidien éponyme Menorca : «Bitzèrria (352)». On aura bien du mal à trouver le mot dans un quelconque dictionnaire, fût-ce le précieux Diccionari català-valencià-balear, rien d'étonnant à cela, c'est l'une des «pedraules», de ces «mots-pierres» pieusement recueillis par le poète-romancier-journaliste qui, lui-même, vit entre deux épées, la Ferreries natale et la Barcelone d'adoption.
Car son écrit est bien un article froidement enragé. À la suite de l'expulsion de deux Minorquines d'un avion de la compagnie Vueling pour avoir refusé de répondre en castillan à l'hôtesse.
L'analyse de Joan Pons ne se limite pas à ce fait scandaleux. En appelant au philosophe Eugenio Trías, fils d'un politicien phalangiste, il relève que «l'Espagne ne tolère pas les minorités». Ce furent autrefois les Maures, les Juifs, même convertis, naguère les Basques, ce sont aujourd'hui les Minorquins, les Valenciens, les Catalans qui ont le malheur d'employer une langue autre que le castillan.
Suso de Toro est, depuis le début de la crise catalane, une conscience en éveil qu'il est précieux de lire. Dans un article d'opinion du 17 novembre, explicitement intitulé «l'Espagne, le royaume de la peur», il en vient à penser que, contre tout pronostic, l'Espagne est plus réactionnaire de nos jours qu'il y a quarante ans, sous le gouvernement d'Adolfo Suárez. Ce dernier s'était refusé à un référendum sur les institutions car il craignait une victoire du sentiment républicain. Nul doute qu'aujourd'hui, la monarchie l'emporterait haut la main. Les voix dissidentes se sont tues et le conformisme triomphe. Pour Suso de Toro, le grand mérite de José María Aznar et de la F.A.E.S. est d'avoir transformé le franquisme sociologique en franquisme politique. Il ajoute «La caste de la cour de Madrid qui a paralysé l'État, qui a pillé les compagnies créées dans d'autres territoires, a dû mourir de rire en envoyant des bateaux et des caravanes de policiers pour frapper la citoyenneté catalane. C'était, et c'est, absolument obscène. C'est franquiste».
Si la peur gagne la société catalane, enfin, Suso de Toro craint une soumission ad vitam æternam. À l'issue des élections du 21 décembre, une seule alternative se présentera : imposition ou négociation.
Car son écrit est bien un article froidement enragé. À la suite de l'expulsion de deux Minorquines d'un avion de la compagnie Vueling pour avoir refusé de répondre en castillan à l'hôtesse.
L'analyse de Joan Pons ne se limite pas à ce fait scandaleux. En appelant au philosophe Eugenio Trías, fils d'un politicien phalangiste, il relève que «l'Espagne ne tolère pas les minorités». Ce furent autrefois les Maures, les Juifs, même convertis, naguère les Basques, ce sont aujourd'hui les Minorquins, les Valenciens, les Catalans qui ont le malheur d'employer une langue autre que le castillan.
Suso de Toro est, depuis le début de la crise catalane, une conscience en éveil qu'il est précieux de lire. Dans un article d'opinion du 17 novembre, explicitement intitulé «l'Espagne, le royaume de la peur», il en vient à penser que, contre tout pronostic, l'Espagne est plus réactionnaire de nos jours qu'il y a quarante ans, sous le gouvernement d'Adolfo Suárez. Ce dernier s'était refusé à un référendum sur les institutions car il craignait une victoire du sentiment républicain. Nul doute qu'aujourd'hui, la monarchie l'emporterait haut la main. Les voix dissidentes se sont tues et le conformisme triomphe. Pour Suso de Toro, le grand mérite de José María Aznar et de la F.A.E.S. est d'avoir transformé le franquisme sociologique en franquisme politique. Il ajoute «La caste de la cour de Madrid qui a paralysé l'État, qui a pillé les compagnies créées dans d'autres territoires, a dû mourir de rire en envoyant des bateaux et des caravanes de policiers pour frapper la citoyenneté catalane. C'était, et c'est, absolument obscène. C'est franquiste».
Si la peur gagne la société catalane, enfin, Suso de Toro craint une soumission ad vitam æternam. À l'issue des élections du 21 décembre, une seule alternative se présentera : imposition ou négociation.