Précipitations

Non pas celles de pluie qui tardent à venir sur un arc méditerranéen à l'été indien prolongé mais celles qui président à la mise en place de l'article 155 de la Constitution espagnole. Comme si tout devait être en coupe rangée pour la Saint-Thomas où se dérouleront les élections autonomiques convoquées par Madrid. Le conservateur du musée de Lleida s'élève contre les mesures annexes qui lui raviront un véritable «butin de guerre». Des fake news circulent comme celles de la disparition totale des pages en catalan du site de la Généralité de Catalogne.

Le quotidien El Punt Avui, parmi d'autres, s'est fait écho d'un pataquès induit par la précipitation. En application de l'article 155, tous les textes de la Généralité doivent être publiés au B.O.E. (Bulletin officiel de l'État espagnol). Trois toponymes se sont vus traduits littéralement en espagnol, comme s'il se fût agi de vulgaires substantifs. Un étudiant entrant à l'université sait bien qu'à l'exception de noms universels ou d'un usage attesté dans la langue de destination, les noms propres, toponymes et patronymes, ne se traduisent pas. L'incurie, l'incompétence, le recours aveugle à des logiciels d'aide à la traduction n'expliquent pas tout. La précipitation, avec la charge de mépris qu'elle comporte, est la marque des vainqueurs... à court terme qui sont à l'histoire ce que l'éjaculateur précoce est à l'amour.