Réactions des fonctionnaires de la Generalitat après l'application de l'article 155 de la Constitution espagnole.

Alors que le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, et son délégué en Catalogne, Enric Millo, assurent que la reprise en main des institutions catalanes aux termes de l'application de l'article 155 s'est déroulée sans difficulté, la situation sur le terrain est bien différente comme l'expose le quotidien Vilaweb :

«Ces dernières semaines ont vu l'occupation effective par des fonctionnaires du gouvernement, en application des mesures approuvées par le Sénat en invoquant l'article 155 de la constitution. Ainsi a-t-on vu l'arrivée de personnel envoyé par Madrid aux bureaux du ministère des Affaires étrangères, avec l'intention d'imposer l'espagnol dans les  communications afin que ces dernières puissent être comprises par l'administration espagnole... Le délégué Du gouvernement espagnol en Catalogne, Enric Millo, a parlé cette semaine de «normalité» et de fonctionnaires «remplissant leurs missions» avec «la liberté d'expression garantie». Mais plusieurs initiatives se sont fédérées pour protester contre cette occupation, comme aujourd'hui sur la Rambla, avec une chaîne humaine de travailleurs du ministère de la Culture.

Sever Salvador, employé du ministère, a déclaré que l'application de l'article 155 représente «une attaque directe» contre les travailleurs de la Generalitat parce que le gouvernement brise la hiérarchie, fait naître l'incertitude juridique et bloque l'activité normale de la Generalitat. Dans cette optique, il a signalé que plusieurs projets du département se trouvent compromis tels que des expositions d'arts visuels, des ressources financières pour la promotion du catalan et de l'occitan, le réseau des bibliothèques et la consolidation des sites archéologiques, entre autres.

En ce qui concerne les emprisonnements et les poursuites judiciaires, Salvador dit que les travailleurs réclament la liberté de tous les prisonniers politiques, et le retrait des mandats internationaux contre les membres du gouvernement à Bruxelles et les procédures judiciaires contre le bureau du parlement.

Dans d'autres départements, ils ont fait entendre leur voix contre l'occupation des institutions catalanes, en soutenant leurs représentants légitimes, ainsi que l'a fait un groupe de travailleurs de la vice-présidence par l'envoi d'une lettre de soutien à Oriol Junqueras.

Plus significative est la coordination de diverses assemblées pour la défense des institutions catalanes. La première, réunissant des travailleurs du ministère de l'Éducation, a été constituée au début du mois, considérant l'article 155 comme une «attaque directe», rejetant la répression de l'Espagne et exigeant la libération des prisonniers politiques:

Un manifeste commun des assemblées des travailleurs des différents départements sera publié ce vendredi, avec l'intention de se coordonner avec l'initiative des Enseignants pour la République. L'Assemblée de l'Éducation a déjà accepté de mener une série d'actions de protestation, telles que des concentrations hebdomadaires à l'échelle des départements à midi, du lundi au vendredi, sans couper la rue et avec une banderole.»