Terrorisme d'État

L'expression est violente et j'entends déjà votre réprobation. C'est à dessein que je tords le cou à mon ton volontiers mesuré.

Le quotidien Ara, parmi d'autres médias, catalans ou espagnols, nous apprend que le directeur de la revue satirique El Jueves a dû s'expliquer devant la justice, qui le poursuit pour injures aux forces de l'ordre, pour une saillie publiée le 5 octobre dernier dans son hebdomadaire pour les treize mots suivants : «la continua presencia de antidisturbios acaba con las reservas de cocaína en Cataluña» (la présence continue des CRS vide les réserves de cocaĩne en Catalogne). 

La revue se présente comme paraissant le mercredi, alors qu'elle s'intitule Le Jeudi. Le clin d'œil avec son aîné français Le canard enchaîné est parlant. Six jours plus tard, un autre hebdomadaire satirique français, Charlie Hebdo mettra en une un trio cagoulé à la façon de l'ex FLNC avec ce titre : «les Catalans plus cons que les Corses». Un vent de réprobation a soufflé en Catalogne et en Espagne. L'idée de dépôt de plainte a germé. La justice française n'a pas été saisie ni ne s'est saisie. Ce même hebdomadaire, on s'en souvient, avait souffert dans sa chair de la folie du terrorisme islamiste. Je repense au chiasme qui faisait florès pendant la guerre froide «il vaut mieux un équilibre des terreurs à une terreur sans équilibre»

En Espagne, depuis quelques semaines, on met en examen, on incarcère, des personnes pour leurs idées. Nul équilibre dans cela et l'envie me prend de relire Deleuze et Foucault.