Tracteurs, pompiers et C.D.R

Il n'est pas prévu que la Catalogne ait un jour une armée. Du moins c'est ainsi que les partis favorables à l'indépendance le concevaient voici quelques semaines, doublement confiants dans la cohésion bienveillante de l'Union Européenne et dans la protection des nations voisines. 

De l'Espagne, elle n'a rien de bon à attendre et les militaires piaffent d'entrer dans Barcelone avec la division Brunete et ses chars d'assaut. Souvenir récent de la tentative de coup d'État du 23 février 1981 et, plus loin, de l'entrée des troupes franquistes le 26 janvier 1939. 

De la France, elle n'a rien de bon à attendre non plus. Son gouvernement garde sa confiance dans son homologue espagnol, la presse se muselle elle-même, les régions étouffent les initiatives citoyennes et, maintenant, le socialtraître Manuel Valls, salissant et l'esprit de la gauche et ses origines, demande à la Belgique de livrer le président Puigdemont à la justice espagnole, au nom de la démocratie.

La Catalogne n'a pas d'armée mais elle a ses sapeurs-pompiers dont la dignité face aux coups de la police espagnole et de la garde civile, soulevèrent l'admiration le 1er octobre. Et elle a les tracteurs de ses paysans dont le syndicat courageux fait oublier la pusillanimité complice des deux grandes centrales inféodées à la capitale. Mais le plus surprenant et qui tranche avec une classe politique locale incapable de surmonter ses différences pour bâtir une liste unitaire, est l'organisation et les actions d'éclat des C.D.R (comités de défense du référendum gardant le même sigle pour devenir comités de défense de la République). La manifestation du 12 novembre promet d'être exceptionnelle. On y parlera le catalan qui, brutalement, a été banni de la Generalitat kidnappée.