Une semaine décisive
L'éditorial de Vicent Partal dans Vilaweb envisage la semaine qui s'ouvre, semaine de tous les dangers, mais également de toutes les opportunités :
«Aujourd'hui commence une semaine décisive pour notre pays. Beaucoup de choses se passeront. Nous savons qu'au minimum une centaine de maires se rendront mardi à Bruxelles pour rencontrer le président de la Generalitat. Ce sera un geste clair pour la légitimité du gouvernement. Nous savons que mercredi il pourrait y avoir un arrêt de l'activité économique dans notre pays. Nous savons qu'il y aura plusieurs concentrations et nous savons que samedi, il y aura une grande manifestation, certainement l'une des plus grandes qui auront jamais été vues, pour la défense de la République et de la démocratie.
Nous savons également que jeudi les membres souverainistes du bureau du parlement de Catalogne, dirigés par la présidente Carme Forcadell, viendront à la Cour suprême espagnole. Ils pourraient être les prochains prisonniers politiques, si la justice espagnole continue d'appliquer ses curieux critères. La justice belge, quant à elle, commencera à étudier la demande présentée le gouvernement espagnol pour qu'on lui livre le président Puigdemont.
Et comme si cela ne suffisait pas, mardi ce sera la clôture de présentation des coalitions aux élections de décembre, dans un environnement où PDECat, ERC, «Poble Lliure», l'ANC et d'autres groupes parlent ouvertement de créer une grande coalition en défense de la République qui peut également inclure une partie des «Comuns» et d'autres mouvements tels que «Demòcrates» ou «MÉS», ainsi que des personnalités de la vie publique catalane.
Mais ce n'est pas seulement ça. Je pense que cette semaine sera celle de la réaction. Nous commençons à en voir de nombreux signes. De la réaction populaire, mais il me semble aussi de la réaction du gouvernement. Il y a quelques jours, la priorité absolue des actions du gouvernement de Catalogne était la sécurité personnelle de ses membres et la définition de la stratégie de défense qui a incité une partie du gouvernement à entrer en prison et une autre à demeurer en exil. Le gouvernement doit cependant gouverner. Il doit prendre des décisions et les communiquer. Il doit interagir avec les institutions libres du pays, les mairies et les députations, et avec la population. Je ne pense pas que cela puisse tarder et c'est pourquoi je pense que nous verrons bientôt des choses importantes.
L'espagnolisme est obsédé par sa volonté d'acculer le président Puigdemont en le présentant comme un lâche, ce qui n'est absolument pas le cas. La division du gouvernement en deux est une stratégie convenue et concertée. L'entrée en prison du vice-président et de plusieurs ministres, et la manière dont cela a été fait, mettent l'absence de garanties procédurales et judiciaires dans l'État espagnol actuel. Et en attendant, la présence à Bruxelles de l'autre partie du gouvernement, avec le président à sa tête, sert à internationaliser le fait catalan clairement, comme cela se vérifie chaque jour, mais surtout il préserve l'institution de la Generalitat. Qui parlerait au nom du gouvernement légitime de la Catalogne si tous ses membres étaient privés de liberté ? Ceux qui veulent Puigdemont en prison et non à Bruxelles craignent en fait que le gouvernement prenne la parole et donne des instructions et ils appellent à le faire taire. Alors parler de lâcheté, dans ce contexte, c'est juste un piège indigne.»