«In medio stat virtus» ?

La vertu se tient au milieu. J'ai longtemps fait de cet adage médiéval une règle de vie et je tiens la «mediocritas» latine, aussi humble qu'exigeante, pour un sain(t) principe de vie.

Hélas de «mediocritas» à «médiocrité» il y a le fil du temps, implacable. L'Espagne, dans sa gestion de la crise catalane, en donne un exemple frappant, tant au niveau de l'État qu'à celui des individus. Dans un jeu de duettistes tragicomique, le ballet entre l'«audiencia nacional» et le «tribunal supremo», a accouché non pas d'une souris mais d'une injustice dans l'injustice, révoltante. L'on sait le peu d'épaisseur légale qui a présidé à l'incarcération préventive des ministres et représentants de la société civile. En refusant de libérer le vice-président Junqueras, le ministre Forn et les deux Jordis, tandis que six autres ministres l'étaient sous caution individuelle de 100 000€, le juge Pablo Larena a manifesté que la séparation des pouvoirs tenait en Espagne de la mascarade et que les arguments qui servaient à en libérer certains, en condamnaient d'autres.

Au niveau individuel, il est une mode pernicieuse, celle de l'«équidistance», qui met les deux acteurs dos à dos et joue, de ce fait, en faveur de celui qui a le pouvoir et la force. Dans un livre de circonstance, Eduardo Mendoza, à l'instar de Mario Vargas Llosa naguère, se départit de l'excellence distante qui en fit un romancier à succès. Comme certains font peuple sous le feu de l'alcool, il fait pouvoir, sous le faix de l'actualité, taxant l'indépendantisme de tous les maux dont souffre la Catalogne. Peu de choses si on compare ce discours critiquable mais raisonné aux aboiements de Pablo Iglesias voyant dans l'Indépendantisme le ferment d'un retour du fascisme, comme d'aucuns voient dans l'homosexualité la source de l'homophobie. 

Mes amis catalans veulent s'exprimer et crier leur colère, sur les réseaux sociaux. Ils ne le peuvent ou plutôt ne l'osent sachant les poursuites qui sont en cours. Reste alors à nous autres, sympathisants étrangers, de ces vieilles démocraties que sont l'Italie, la France, le Bénélux, le Royaume-Uni et l'Irlande, entre autres, à le faire. Il y a urgence à cela.

Alors, «in medio stat virtus» ? Permettez-moi de suspendre un temps mon adage estimé et de lui substituer : «in flavo stat veritas».