À qui profite le crime ?

Dans leurs discours des vœux, des présidents de communautés autonomes d'Espagne ont rivalisé de dureté face à la Catalogne, manifestant ce «délit de haine» dont le gouvernement est si prompt à se servir contre les citoyens catalans mais qui, dans leur cas, demeurera sans effet.

Dans cet exercice servile, le plus virulent a été Javier Lambán, président de la communauté de l'Aragon, voisine de la Catalogne, et ancienne partie de la couronne aragano-catalane. Dans un évident dessein polémique -au sens premier du terme-, il s'est adressé à la population aragonaise depuis le monastère de Sainte-Marie de Sigena, à côté des œuvres saisies précipitamment au musée de Lleida en vertu -extensible- de l'article 5.

Un dicton espagnol, rendu universellement célèbre par un film puissant de Carlos Saura, commence par ces deux mots «Cría cuervos» (élève des corbeaux). On en oublie trop souvent la conséquence : «y te sacarán los ojos» (et ils te crèveront les yeux).

Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, se gargarise d'un mot dont il ignore délibérément le sens, «concordia»

À qui profite le crime ? Je ne le sais que trop et je crains que certains dans l'armée espagnole qui, depuis des siècles, ne gagne de guerre que contre les siens, n'attisent le feu que pour une meilleure résolution manu militari.