Ἑαυτὸν Τιμωρούμενος

Ἑαυτὸν Τιμωρούμενος, heautontimoroumenos, «le bourreau de soi-même», est une pièce perdue de Ménandre. En parler s'apparenterait assez à une exégèse de «Tabàrnia», apotopie unioniste dont ce blog s'est déjà fait écho


C'est pourtant ce que vient de faire  Albert Boadella, acteur et metteur en scène de renom, qui, autrefois, a révolutionné la scène catalane, mais qui, depuis quelques années, semble vivre si mal ce vieillissement qui nous accompagne tous, qu'il se lance dans de violents réquisitoires contre la Catalogne, pro domo...alieno.


Singeant dans une vidéo tout à la fois le président Tarradellas revenant de l'exil en 1977 et l'actuel président Puigdemont, il joue brièvement le rôle d'un chef d'État en exil. La pochade ferait rire si elle n'était diffusée dans l'Espagne (pour lui) confortable de l'État d'exception. 


Il y a quarante ans, un mois et treize jours, Albert Boadella était incarcéré pour injures à l'armée, après avoir représenté une satire du procès de Heinz Ches, droit commun garrotté le même jour que Salvador Puig-Antich, dans La Torna (le garrot). Parvenant à s'échapper, il avait trouvé refuge en France. Il semble l'avoir oublié. 

La flagornerie du bouffon ne lui assurera aucun mérite, pire elle ne lui conférera nulle longévité autre que celle d'une postérité déjà bien écornée. Le voilà contraint de jouer le bourreau de lui-même, si ce n'est celui de Ménandre, celui de Térence, qui s'était fait une assez jolie renommée dans l'art de peindre les vieillards cacochymes. 

Avant de vous quitter, à lui comme à chacun de nous, je ne peux m'empêcher de citer quelques mots de l'Apolégétique de Tertullien«Respice post te! Hominem te esse memento!» (regarde autour de toi et souviens-toi que tu n'es qu'un homme !)