Contre la répression acharnée, la langue et la constance.
En 1948, à Perpignan, tout le monde parlait catalan dans les rues. Trente ans plus tard, le catalan ne s'y parlait plus ou presque. Une langue peut mourir si elle ne s'emploie pas au quotidien. Elle peut aussi renaître, autrement, du fait de l'enseignement, des médias, de l'investissement personnel et collectif. La proximité de la Catalogne du Sud y est pour beaucoup.
Ces jours derniers, la répression contre le peuple catalan a gagné en puissance et en acharnement. Hier cinq peines d'emprisonnement préventif (sic) ont été prononcées. Mais la résistance s'organise. Marta Rovira, dont le jeu politique apparaissait confus, a fait le choix douloureux de l'exil. Les enseignants ont manifesté en masse, avec fermeté, contre la volonté centraliste d'imposer l'espagnol dans l'enseignement. La population catalane, hier soir, a repris la rue. L'O.N.U., clairement, a demandé que Madrid accorde un traitement digne à Jordi Sànchez.
Mais la Catalogne ne se limite pas à la collectivité territoriale, issue de l'organisation constitutionnelle de 1978. Elle est au cœur d'une communauté linguistique et humaine qui, dès le début, a fait de la diversité une force.
Jeudi dernier, à Montpellier, des universitaires et des étudiants préparant le prestigieux concours de l'agrégation se sont réunis autour de la figure du Minorquin Ponç Pons, en présence du poète et de son épouse. Durant plusieurs heures, on a parlé espagnol, français et catalan, passant d'une langue à l'autre dans le souci de l'échange et de la compréhension.
Hier vendredi, à Bordeaux, sous la houlette de Marc Audí, une lecture publique d'une élégie de Carles Riba a eu lieu devant la demeure qu'avait occupée le poète en exil.
La langue et le peuple catalan ne sont pas prêts de mourir. L'acharnement de la monarchie bananière espagnole, paradoxalement, les renforce.