La spirale des faux

Le faux peut être beau, la falsification un art. Mais quand il est mu par la hargne,la superbe et l'inculture, il s'avère désastreux et ne tarde pas à jeter l'opprobre sur qui en est l'auteur.
Il y a quelques mois, je croyais, naïvement, que l'Espagne, à l'issue des violences du 1er octobre, serait mise au ban de l' Union Européenne, en application du titre 7 de son traité. Je m'étais trompé, lourdement. Je ne suis pas certain qu'elle y échappe désormais.

Dans une reprise rusée du combat biblique de David contre Goliath, le président Puigdemont, ses ministres et les députés exilés, ont joué juste. Face à l'Europe institutionnelle désincarnée et délocalisée, ils ont opté pour regarder dans les yeux l'Europe des pays. Non pas celle des gens, malléables, mais celle des institutions locales et de leur justice indépendante des pouvoirs exécutif et législatif et garante de démocraties solidement assises. L'Écosse, la Suisse, la Belgique et à présent l'Allemagne ont refusé de répondre favorablement aux ordres de la justice espagnole, au motif qu'il n'y avait pas eu de violence exercée.C'est un camouflet pour le juge Llarena, aux ordres de l'exécutif, qui avait monté un dossier fallacieux «ad hominem». Mieux encore, la Belgique a déposé plainte contre les pieds-nickelés des services secrets espagnols qui ont installé une balise GPS sous la voiture du Président Puigdemont qu'ils ont suivie de Belgique en Finlande, Danemark et Allemagne.

Un troisième épisode ferait rire si la situation n'était pas aussi tragique. La présidente de la communauté de Madrid s'est targuée d'un titre universitaire qu'elle ne possédait pas. Pire, elle a produit un document avec l'imitation grossière des signatures des professeurs censés l'avoir validé. Mme Cifuentes ne démord ni ne démissionne. En France, cela constituerait un délit : faux et usage de faux. Pour une falsification moindre, il y a douze ans, doyen, j'ai fait radier définitivement de l'enseignement supérieur un étudiant qui s'y était prêté.
Je ne parlerai pas de l'interminable feuilleton de la famille royale. 

Mais voilà une bien laide spirale de faux qui ne sert d'ailleurs pas de leçon à l'Espagne : le major Trapero, héros de la lutte antiterroriste du mois d'août 2017, est poursuivi avec d'autres hauts-fonctionnaires de police pour avoir agi en bande organisée.

Délaissant David et Goliath, je songe soudain aux trompettes de Jéricho. Allez savoir pourquoi...