Coïncidences et espérances

Dix mois après l'avoir laissé devant les atermoiements de la classe politique catalane et ses luttes intestines, je reprends ce blog.

Mon ami et compagnon en catalanité, Ramon Borràs Planagumà, fête son anniversaire le jour même où commence à Madrid le procès de douze hommes et femmes d'honneur qui ont porté et portent la parole de tout un peuple.

Les Catalans, lucides et sardoniques, ont coutume de se situer entre deux extrêmes. S'ils définissent leur action par le Seny -bon sens- et la Rauxa -coup de folie-, ils avouent qu'il y a deux personnalités en eux, la puta i la Ramoneta, -la putain et bobonne-.

On a tôt fait de rire de cette auto-ironie lucide et de les accuser de marejar la perdiu -noyer le poisson-. Mais dans un monde où l'immédiateté clinquante tient lieu de réflexion, la pratique catalane du débat contradictoire est celle du temps long. La Catalogne a eu le plus tôt en Europe des assemblées délibératives et, malgré des tentatives constantes et, souvent,  violentes, n'a perdu ni sa langue ni son identité.

Vu de France, ce procès, qui sera long, est moins celui de douze personnes de la politique ou de la société civile que celui d'un pays, l'Espagne, qui mettra la démocratie dont elle se targue tant à l'épreuve de la justice.

Bien sûr les dés sont pipés. Depuis de longs mois, la porosité entre le pouvoir et l'appareil judiciaire est évidente. L'Espagne est le seul pays d'Europe communautaire où en pareil cas il peut y avoir une accusation particulière en sus de l'accusation publique. Et cette accusation est portée par le parti d'extrême-droite Vox, qui vient de faire une entrée fracassante au parlement andalou. 

La reprise de ce blog n'est qu'un bref tour de chauffe. J'essaierai, régulièrement, de faire le point sur ce qui se passe à Madrid et qui ne concerne pas que les Catalans ou les Espagnols mais tous les Européens, à un jet de caillou des élections au parlement communautaire.